vendredi 25 octobre 2013

La leçon de sumo

 
Non, alors on n'a pas enfilé nous-même la traditionnelle culotte des lutteurs de sumo, par contre on a pu assister à un de leurs entraînements dans un local de Tokyo. A 7 heures du matin, un peu perdus dans un quartier résidentiel, on se demandait si on avait bien compris les explications, mais quand on a vu arriver un énorme mec à chignon dans son kimono, on s'est dit que ça s'annonçait bien. Au lieu d'entrer par la porte, ce gars qui devait faire pas loin de deux mètres a ouvert une petite porte coulissante d'environ 70 centimètres de haut et s'y est glissé comme dans une chattière. Première impression: les sumos sont hyper souples. Il faut les voir faire le grand écart ou lever la jambe quasiment à la verticale en se tapant sur les cuisses.
 
 
A ce qu'on a compris, les lutteurs (ou rikishi pour les spécialistes) appartiennent à différentes écuries, comme en Formule 1. La nôtre comptait une petite dizaine de "poulains" avec des gabarits assez différents. Certains étaient vraiment gros avec de la cellulite, et d'autres surtout grands et baraqués. Le plus énorme c'était le patron, qui visiblement est un ancien champion vénéré par ses lutteurs. Quand il est entré, les sumos l'ont tous salués d'un grand "DOSHH!". Il s'est ensuite assis sur le coussin monumental qui lui était réservé au centre de la salle. Chacun leur tour, ses protégés sont venus lui faire une courbette et lui dire quelques mots en se plaçant au dessous de lui. Le monde du sumo respecte à fond la hiérarchie et les traditions. C'étaient toujours les deux plus petits qui passaient le balais lorsque le cercle de terre battue était trop labouré. Et là aussi il y avait des règles à suivre: un premier balayage circulaire comme avec un compas, puis des petits arc de cercle en reculant.

 
 
Les exercices non plus n'ont pas dû tellement évoluer depuis le temps des samouraï. Pour la musculation, les sumos n'utilisent pas des haltères mais des espèces de marteaux et un tronc vertical comme punching-ball. Ils ont passé une heure à travailler leur force et leur souplesse, puis ils sont passé au corps à corps. Il n'y a eu aucun combat, par contre ils se sont entraînés deux par deux à pousser l'autre jusqu'à ce qu'il glisse hors du cercle. Ils répétaient le mouvement jusqu'à ce que le pousseur se retrouve à bout de force et se mette à faire des râles d'épuisement.

 
Le patron a aussi participé en appuyant un sac de sable sur le dos d'une jeune recrue qui faisait des pompes. Là aussi ils ont continué jusqu'à ce que le sumo soit au bord de l'évanouissement. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, c'est pas juste un monde de gros nounours, le sumo. Mais c'est pas un monde de brutes épaisses non plus. Ceux avec qui on a échangé trois mots parlaient mieux l'anglais que la plupart des Japonais. L'entraînement s'est terminé avec une danse bon enfant à la queue leu leu autour du cercle, petits marteaux à la main. Sous le charme, j'ai pas pu résister d'aller faire la groupie.