lundi 30 juin 2014

Déconnexion



Lucas est la preuve vivante que les hommes ne naissent pas tous fans de foot.

-Paraît que la Suisse joue contre le Honduras ce soir.
-Ok. Sauf erreur puis elle affrontait la France samedi.
-Ah ouais? Ils jouent souvent les Suisses, ces temps…
-Ben oui, c’est la Coupe du monde au Brésil. 
-Ah, ok... mais…. c’est tous les matchs au Brésil ?
-Ben oui, la coupe du monde au Brésil. Tu voyais ça comment ?
-Je croyais que c’était plusieurs matchs dans le monde entier.

Comme quoi, ce genre d’événements faudrait que ça se passe plus souvent que tous les quatre ans, histoire que tout le monde arrive à saisir le concept.

Enfin chacun son truc. Jean-Jacques, par exemple, un Français en vadrouille en Birmanie est incollable sur la qualification des bleus en  huitièmes de finale, par contre il est un peu moins calé pour l'actualité internationale. "Il y a cette femme qu’on voit partout sur les photos. Je crois qu’elle s’investit beaucoup en politique, comment elle s’appelle déjà?"

 

Dans ce domaine Lucas est plus au courant. "Ah, Aung San Suu Kyii....Ouais, c'est bien de retenir son nom, elle est un peu comme Nelson Mandela."

En même temps, en Birmanie c'est normal d'être déconnecté vu que l'internet est à vous filer une dépression. Je profite donc de nos derniers jours de voyage en Thaïlande pour mettre le blog à jour, entre deux baignades sous les cocotiers.

samedi 28 juin 2014

XXXXL

 

On est trop grands! Après une année en Asie on devrait avoir intégré la chose. Les miroirs où on ne se voit que jusqu'au cou, les vieilles dames qui nous arrivent au nombril et les gens qui nous demandent notre taille dans le métro. C'est pour ça qu'on a amené nos propres vélos au Japon ou qu'on voyage debout à l'arrière des camionnettes birmanes pour éviter d'avoir à s'asseoir les genoux dans les gencives.

Et pourtant il a suffi d'un stand de nouilles négligemment placé à côté de l'arrêt de bus pour qu'on se fasse avoir, le lendemain de notre arrivée au Myanmar. Alléché par l’odeur (ou tiraillé par la faim après ces petits-déjeuners inclus jamais suffisants), Lucas s’est approché, oubliant toute précaution….

Laa! Punition directe!


Il s'est pris le toit en pleine tête. De la tôle ondulée bien coupante. Ca lui a sectionné une boucle et entaillé le cuir chevelu sur 5 centimètres. Les passagers en attente ont eu droit à un bon divertissement. Le touriste plié en deux qui se tient la tête avec le sang qui dégouline, avant de s’affaler tout blanc sur une chaise en plastique.

Moment critique. Le bus –qui a une licence pour le transport d’étrangers, chose qui ne court pas les rues dans ce coin du pays- part dans 30 minutes. La coupure est bien profonde et mériterait certainement quelques points de suture si on était en Suisse. Seulement, en Birmanie, les structures médicales ne sont à utiliser «qu’en cas de désespoir», selon le Lonely Planet.

Mais on n’en est pas encore à ce stade. Le vendeur de boissons apporte des mouchoirs pour éponger le sang, un passager de la bétadine, et quelqu’un d’autre un flacon d’alcool. Le mec du guichet se ramène avec des sparadraps (inutilisables sur le cuir chevelu, mais c’est l’intention qui compte). Un passant arrive avec une poignée de grandes feuilles vertes, à appliquer en petits morceaux sur la plaie, -comme ça on aura même testé la médecine locale-, tandis que le marchand de fruits offre une bouteille d’eau et une lingette alcoolisée à poser sur la tête.


Le coq en pâte quoi. Si bien qu'on arrive à prendre notre bus, et que, 10 jours plus tard Lucas est pétant de santé. Oui, oui, son tétanos est à jour.

Mais la moralité de cet épisode, -à part que les Birmans sont charmants-, c’est qu’on ne maîtrise pas notre situation de géants dans ce pays où on boit son thé sur des tabourets pour enfants. Moins de trois heures après la mésaventure de Lucas, le bus fait un arrêt au bord de la route où on peut enfin goûter aux fameuses nouilles, et c’est moi qui me prend le coin de la porte en allant aux toilettes! Heureusement personne n’a remarqué.

Bref. On devrait s'acheter des casques.

Mais la mode birmane en la matière est... comment dire... déconcertante...


On va juste apprendre à se baisser un peu mieux.