vendredi 30 novembre 2007

Clignoléon




C’est l’histoire classique du touriste indélicat.

Celui qui est tellement fasciné par les autochtones qu’il en oublie toutes les conventions, qui s’incruste au point de gêner et qui recule seulement après avoir vu son hôte écumant de rage.

Jeudi passé le touriste c’était moi, l’indigène fâché, un caméléon.

Au moment des présentations il était moucheté gris-vert avec un point jaune sous le menton. Très zen, il avançait à pas feutrés sur la main qui l’avait ramassé. Ses yeux articulés roulaient sur leur orbite pour voir sur quoi il posait ses petites pattes en forme de moufles.

Comme les caméléons ne sont pas venimeux et qu’aux dernières nouvelles ils n’ont pas de dents, j’ai eu envie de faire plus ample connaissance.

Mais le reptile, bien que dépourvu d’organe acoustique, ne l’entendait pas de cette oreille. Profitant d’un instant d’hésitation de ma part, il s’est jeté à terre pour tenter de prendre la fuite. Malheureusement pour lui, il était bien trop lent.

Du bout des doigts j’ai saisi son petit corps grumeleux. Fâché, il a tenté de m’épouvanter. Il a gonflé son goitre et est devenu tout rouge. Il clignotait presque. Rouge-noir-blanc-rouge-noir-blanc. Je n’en menais pas large, suis devenue écarlate à mon tour, mais je ne l’ai pas lâché.

On a fini par reprendre tous deux notre teint normal. Moi rosé, lui verdâtre.

Embarrassée mais assez contente malgré tout, je l’ai remis dans son arbre. Encore sous le choc il a viré au rouge une dernière fois avant d’adopter la couleur de l’écorce et de disparaître en haut du tronc.

lundi 26 novembre 2007

Dinde au soleil







Ce week-end on a célébré Thanksgiving avec une ferveur à donner chaud au cœur au président Bush.

C’est Joe, un Peace Corp américain qui était à la tête des opérations. Il était secondé par Jen qui représente US-AID dans le sud de Madagascar. Avec eux, la préparation de la fête ne laissait aucune place à l’improvisation.

On a commencé mercredi soir par une réunion de planning avec une partie des participants pour déterminer précisément qui s’occupait de quoi : dinde, gravy, bières, purée de patates, gratin de pâtes, gratin de patates douces, confiture d’airelles, corn-bread, pecan pie, pumpkin pie, liste des invités, plan d’occupation des four, rien n’a été oublié.

Jeudi matin, Joe et son compatriote Mike ont décapité les deux dindes qu’ils engraissaient depuis une année dans leurs villages respectifs (les membres du Peace Corps passent deux ans dans un village du tiers-monde où ils s’occupent d’un projet de développement). Un moment aussi sanglant que mémorable, dont on retiendra que pour le bien de la bête comme celui du boucher, mieux vaut s’assurer que le couteau est bien aiguisé. Un dindon joufflu qui se bat pour la vie est très difficile à maîtriser, et l’exécution prend vite une tournure pénible.

Jeudi soir, Joe - qui depuis qu’il est privé de Big Mac et autre beurre de cacahuètes s’est découvert une passion pour la cuisine -, s’est entraîné à la confection de purée de patates et de gratin de pâtes, deux des éléments clés de Thanksgiving.

Vendredi soir on est entrés en action à notre tour. Notre tâche consistait à préparer deux tartes à la courge et deux tartes aux noix de pécan. Un travail de longue haleine puisqu’il fallait préparer la pâte à l’avance et la cuire à vide sous un tapis de haricots secs.

Samedi matin on a rempli les moules avec la farce, puis on est allés se jeter à l’eau car la journée était magnifique.

Samedi 16h, tout ce que le sud de Madagascar compte d’Américains et d’anglophones était réuni dans notre arrière-cour, autour de la dinde et des classiques de Thanksgiving. Joe avait accompli sa mission.

jeudi 15 novembre 2007

Plongée de nuit avec poisson-scorpion


Hier soir je me suis laissée convaincre de chausser mes Teva, mon masque et mon tuba pour voir à quoi ressemblent les poissons tropicaux au clair de lune.
Première observation : il fait plutôt sombre au fond de l’eau la nuit. Quand on est trois à se partager une lampe torche et demi, ça aide un peu, mais l’obscurité demeure.

Heureusement, avec la combinaison et les Teva je flotte presque, et me laisse traîner par Lucas en essayant de faire le moins de mouvements possible pour éviter de poser malencontreusement la main sur un poisson caillou (dont la piqûre est mortelle, ndlr).

Ca fait peut-être trois minutes que je me laisse clapoter à la surface telle un jerricane vide en essayant de ne pas avaler mon tuba, quand on aperçoit une sorte de gros papillon en dessous de nous. Un poisson-scorpion.

« It’s beautiful, but it’s a very dangerous fish », glisse Lucas à l’oreille d’Owen, notre acolyte anglais.
Mais j’ai entendu, et j’exige des explications. « C’est que ses longues épines sur les côtés sont très venimeuses. » Ah. « Mais il ne va pas attaquer. Il reste au fond de l’eau. C’est seulement si tu le touches qu’il te pique. » Sauf que dans notre petit lagon la profondeur varie, et que par moments on pourrait se faire chatouiller le nombril par ce poisson très sophistiqué. Sans parler des oursins aux épines démesurées qui constellent les bassins, ni des murènes tapies dans l’ombre qui guettent patiemment le passage du snorkleur inexpérimenté …

C’en est trop.

« Euh, I think I’m gonna go back and wait for you on the shore... No no, no problem, but if you could just help me find my way back .»

Temps total dans l’eau: 4 minutes. C’est déjà ça.

Assise, un peu figée sur les rochers acérés de la plage, je regarde mes compagnons repartir barboter gaiement avec leurs lampes et les petits poissons. Ils reviennent 20 minutes plus tard, plus épanouis que des anémones. Bilan : encore quatre poissons-scorpions, une pieuvre et une brassée d’oursins. C’est sûr, l’activité s’appelle reviens.

Pour moi ce sera avec scaphandre intégral et sèche-cheveux à piles.

Eh oui, pour combattre le venin du poisson-scorpion, une seule solution : le chaud. Le petit guide des poissons de l’Océan Indien suggère deux variantes : ébouillanter la piqûre avec de l’eau ou se rabattre sur l’air chaud d’un sèche-cheveux.
Encore faut-il trouver une prise où brancher son foehn sur la plage.

D’où les piles.

mardi 13 novembre 2007

Excursion au Pic Saint-Louis








On a enfin fait l’ascension de la montagne la plus populaire au-dessus de Fort-Dauphin : le pic Saint-Louis. Et c’est pas un hasard si tous ces noms évoquent l’histoire de la France. Fort-Dauphin (Tolanaro en malgache, même si personne ne l’appelle comme ça) a été nommée ainsi en l’honneur du dauphin Louis…je tente le numéro 14.
Voilà pour la minute –presque- culturelle.
En montant on a vu notre tout premier caméléon. Tout petit, - de la taille des cafards siffleurs qui hantent notre maison, soit quand même 10 centimètres… - , vert fluo, un peu maladroit, j’ai d’abord cru que c’était un lézard mal dégourdi. Trop timide, il a refusé de se laisser photographier. Sur ce coup-là l’engourdie c’était moi.
Le vent qui soufflait au sommet aurait suffi à décorner un zébu récalcitrant, mais on l’a bravé quelques minutes histoire de profiter de la vue qui s’offrait à nous.

Sur la photo (dans le cas où, miracle, j’aurais réussi à l’attacher [c'est le cas...mais demandez-moi pas pourquoi elle est affichée en haut plutôt que juste là au-dessus. J'ai fait de mon mieux] ), on voit bien comment Fort-Dauphin se niche sur un promontoire entre deux baies sablonneuses. Libanona, notre petite colline est tout au bout sur la droite.

lundi 5 novembre 2007


Libanona plage, à 2 minutes de chez nous, là où on va se baigner après nos dures journées de travail. Notre maison est sous les pins, en haut de la colline.
Essayé d'attacher une photo de la maison...pas pu, mais la frustration est bien petite comparée à l'immense joie d'avoir réussi à attacher au moins une photo. Une sacrée percée technologique.