C’est l’histoire classique du touriste indélicat.
Celui qui est tellement fasciné par les autochtones qu’il en oublie toutes les conventions, qui s’incruste au point de gêner et qui recule seulement après avoir vu son hôte écumant de rage.
Jeudi passé le touriste c’était moi, l’indigène fâché, un caméléon.
Au moment des présentations il était moucheté gris-vert avec un point jaune sous le menton. Très zen, il avançait à pas feutrés sur la main qui l’avait ramassé. Ses yeux articulés roulaient sur leur orbite pour voir sur quoi il posait ses petites pattes en forme de moufles.
Comme les caméléons ne sont pas venimeux et qu’aux dernières nouvelles ils n’ont pas de dents, j’ai eu envie de faire plus ample connaissance.
Mais le reptile, bien que dépourvu d’organe acoustique, ne l’entendait pas de cette oreille. Profitant d’un instant d’hésitation de ma part, il s’est jeté à terre pour tenter de prendre la fuite. Malheureusement pour lui, il était bien trop lent.
Du bout des doigts j’ai saisi son petit corps grumeleux. Fâché, il a tenté de m’épouvanter. Il a gonflé son goitre et est devenu tout rouge. Il clignotait presque. Rouge-noir-blanc-rouge-noir-blanc. Je n’en menais pas large, suis devenue écarlate à mon tour, mais je ne l’ai pas lâché.
On a fini par reprendre tous deux notre teint normal. Moi rosé, lui verdâtre.
Embarrassée mais assez contente malgré tout, je l’ai remis dans son arbre. Encore sous le choc il a viré au rouge une dernière fois avant d’adopter la couleur de l’écorce et de disparaître en haut du tronc.
Celui qui est tellement fasciné par les autochtones qu’il en oublie toutes les conventions, qui s’incruste au point de gêner et qui recule seulement après avoir vu son hôte écumant de rage.
Jeudi passé le touriste c’était moi, l’indigène fâché, un caméléon.
Au moment des présentations il était moucheté gris-vert avec un point jaune sous le menton. Très zen, il avançait à pas feutrés sur la main qui l’avait ramassé. Ses yeux articulés roulaient sur leur orbite pour voir sur quoi il posait ses petites pattes en forme de moufles.
Comme les caméléons ne sont pas venimeux et qu’aux dernières nouvelles ils n’ont pas de dents, j’ai eu envie de faire plus ample connaissance.
Mais le reptile, bien que dépourvu d’organe acoustique, ne l’entendait pas de cette oreille. Profitant d’un instant d’hésitation de ma part, il s’est jeté à terre pour tenter de prendre la fuite. Malheureusement pour lui, il était bien trop lent.
Du bout des doigts j’ai saisi son petit corps grumeleux. Fâché, il a tenté de m’épouvanter. Il a gonflé son goitre et est devenu tout rouge. Il clignotait presque. Rouge-noir-blanc-rouge-noir-blanc. Je n’en menais pas large, suis devenue écarlate à mon tour, mais je ne l’ai pas lâché.
On a fini par reprendre tous deux notre teint normal. Moi rosé, lui verdâtre.
Embarrassée mais assez contente malgré tout, je l’ai remis dans son arbre. Encore sous le choc il a viré au rouge une dernière fois avant d’adopter la couleur de l’écorce et de disparaître en haut du tronc.