lundi 30 septembre 2013

Premiers coups de pédale sur Honshu

 
 
Voilà presque 10 jours qu'on a changé d'île et qu'on pédale sur Honshu. Ca monte et ça descend beaucoup plus raide que sur Hokkaido. Les vaches ont disparu et l'agriculture se concentre sur le riz, ce qui donne des champs jaune-vert fluo un peu partout. C'est justement le moment des récoltes.


On a mis 7 jours pour aller de Oma (tout au nord) à Akita (côte ouest) en passant par deux lacs de cratère. J'ai l'impression que mes mollets ont doublé de volume entre le dénivelé et le poids du vélo, mais ça en valait la peine, les paysages étaient magnifiques et la météo sublime.


Côté végétation, c'est toujours aussi vert que sur Hokkaido mais avec un look plus tropical. On a d'ailleurs croisé une colonie de babouins. Avec les lianes qui pendent des arbres on a l'impression de traverser la jungle sur un goudron parfait.
 

On voit aussi apparaître des bâtiments historiques comme des anciens temples, des châteaux ou des maisons de samouraï, ce qu'il n'y avait pas plus au nord, vu qu'Hokkaido n'intéressait pas les seigneurs japonais à l'époque où ils construisaient tout ça.


De leur côté, les locaux voient parfois un monticule vert sortir de terre à l'écart des routes: notre tente qu'on continue à planter un peu partout. Le Japon se prête super bien au camping sauvage. Il y a plein de petits parcs déserts avec de l'eau courante et très souvent des toilettes. Mais le meilleur c'est les onsen, ces sources d'eau chaude qu'on rencontre quasiment chaque jour. Pour 5 francs on a la douche, les bains thermaux et le shampooing, après-shampooing et savon Shisheido, tout ça dans un cadre bucolique. Une pure merveille et on n'a jamais été aussi propres pendant un voyage à vélo.

  

vendredi 20 septembre 2013

Traversée du Daisetsuzan

Notre première expérience du trek à la japonaise. Cinq jours de marche dans le plus grand parc national du pays, de l'Asahi Dake au Tokachi Dake, les deux principaux volcans de l'île d'Hokkaido. En bref:
 

L'Asahi Dake
 
 
Les panneaux sont uniquement en japonais. Au début ça surprend mais on s'y habitue.
 
 
 
La météo change vite et souvent: le premier soir on a dû construire un mur pour protéger la tente d'un vent hyperviolent. On commence à être bien maîtriser le mode "survie en conditions humides".
 
 
Il y a aussi des petits refuges à disposition, sommaires et souvent plus jolis de l'extérieur que de l'intérieur. La plupart n'ont pas de gardien et sont gratuits. Il y a juste un sol en formica sur lequel on peut dérouler sa natte et installer son réchaud.
 
 
Pas mal, mais un peu trop d'araignées à mon goût

 
Plus on se lève tôt, plus on a de chances d'avoir de belles vues. Les marcheurs japonais déjeunent à 4 heures du matin. On les a imités.
 
 
 
 
On a croisé quelques traces d'ours bruns mais sans jamais en voir. Les locaux n'ont pas l'air trop inquiets. Ils marchent tous avec des clochettes, mais dorment avec la nourriture dans la tente.
 
 
 
Dernière montée sur le Tokachi Dake, un volcan très actif. Des fumeroles s'échappent avec des bruits forts, tandis que le vent amène des odeurs de soufre.
 
 
 
 
Redescente dans des vallées moins sèches. Onsen et sushis pour se récompenser. Les treks japonais ont du bon.
 
 
  
 

Hokkaido, plic

 
Matsushima, ah
Matsushima, ah
Matsushima, oh
 
Frappé par la beauté de cette baie pas si loin de Fukushima, -mais quelques siècles avant que le monde entier apprenne l'existence du coin-, le poète Basho s'était trouvé à court de mots pour son haïku. L'humidité de ces derniers jours nous en a inspiré une adaptation pour l'île d'Hokkaido. 
 
Hokkaido, plic
Hokkaido, ploc
Hokkaido, ploutch
 
 
Quelqu'un m'avait dit qu'en septembre on risquait d'avoir encore de petits typhons au Japon. Je ne m'étais pas plus inquiétée que ça. Maintenant, après en avoir vécu un, j'ai un peu mieux compris de quoi il retourne. On s'est pris des torrents de pluie pendant 32 heures non-stop. Et on a eu de la chance, à Hokkaido la tempête n'a pas atteint les mêmes proportions destructrices que dans le sud.

En fait on ne savait pas vraiment que c'était un typhon, donc ça ne nous a pas empêché de pédaler en même temps. On a juste mis nos sandales histoire d'éviter de tremper nos baskets, ainsi que nos pélerines, qui n'auront pas chômé durant notre temps sur cette île, et c'était parti. C'était juste dommage pour les vues, car malgré les brumes qui donnaient une ambiance spéciale, le paysage aurait certainement été encore plus beau par grand soleil.

Le seul moment vraiment désagréable, c'est quand on s'est réveillés dans notre tente à deux heures du matin au bruit de la pluie qui n'est finissait pas. Tout d'un coup j'ai comme une inquiétude: combien de colonnes d'eau notre toile peut-elle supporter? Je m'assieds pour méditer la chose. Tout semble pourtant encore bien sec. Mais un drôle de reflet brille dans l'auvent. J'allume ma lampe de poche: les chaussures de Lucas flottent dans 4 centimètres d'eau. Idem pour mes sandales. Il y a un lac tout autour de la tente.
 
 
 
 
 
 
 
On lance la cellule de crise: est-ce qu'on reste là, littéralement à mariner dans notre jus en espérant que la tente tienne d'ici au lever du jour ou est-ce qu'on essaie de déménager dans un endroit plus sec?  Courageusement, nu sous sa pélerine, Lucas sort faire un premier bilan de la situation. Tout le terrain est gorgé d'eau, mais on est clairement dans un creux. Il y a une surface un peu plus sèche à 10 mètres de nous. On décide donc d'enlever les sardines et de transporter notre tente là. Un grand succès et on finit la nuit complètement au sec. (Une nuit qui prend fin à 6 heures du matin lorsque le jardinier de ce golf à la verdure si accueillante nous indique qu'il est temps de lever le camp)
 
Onze heures plus tard et 80 kilomètres plus loin la pluie s'arrête. Quel bonheur. Pédaler sous le soleil c'est tout aussi bien. 
 
 
 

mercredi 4 septembre 2013

Une nuit à Sapporo

Notre première semaine au Japon a été chaotique et humide.

La première nuit à Sapporo fut clairement la plus éprouvante:
20h30: arrivée à l'aéroport, les sacs et les vélos nous ont suivi jusque là. Tout va pour le mieux
22h: station de métro de Shiroishi. Il devrait y avoir une auberge pas loin mais on ne la trouve pas. Avec tous nos bagages, notamment les vélos démontés dans des énormes cartons, on avance à pas de fourmi et les taxis refusent de nous prendre. En plus il pleut.
23h10: On trouve la guesthouse qui a fermé dix minutes plus tôt. Personne ne répond et pas d'autre hôtel dans les environs. Il va falloir bouger. On commence à réassembler les vélos mais ça prend du temps: il faut remettre les roues, les pédales, le guidon, les porte-bagages, etc.
0h55: Tout est prêt. Reste à enfiler nos pélerines, -la pluie a redoublé de violence- et à nous le Japon!



Certes, après nos 17 heures de voyage et le décalage horaire, on n'est pas dans un esprit très conquérant.

2h30: On se perd dans la ville, tout est écrit en japonais, on ne comprend rien et on est trempes. Les hôtels sont soit fermés, soit complets. On s'incruste quelques minutes dans un lobby équipé d'un distributeur de bières.


4h30: Quelques hôtels fermés et quelques litres (de pluie) plus tard, on finit par trouver refuge dans un internet café ouvert 24h/24. Il loue des chaises longues par tranches de trois heures. Vu notre état désespéré, on prend l'option fauteuil de massage. TOP!


Le réveil fut difficile. Mais depuis cette nuit mémorable, on a récupéré nos heures de sommeil, dans une auberge de jeunesse, mais surtout en camping sauvage dans des lieux plus ou moins bucoliques et plus ou moins secs (on a plusieurs fois hébergé des grenouilles sur notre tente).


Là aussi, on s'est retrouvés un jour le long d'une route bordée de fourrés et de panneaux de mise en garde contre les ours.


Le seul endroit décent qu'on a trouvé pour s'arrêter était une espèce de place en gravier vaguement en retrait de la route. On a juste eu le temps de planter la tente avant la pluie, puis on est bravement allés cuisiner à 50 mètres de là, histoire de ne pas avoir d'odeur de nourriture susceptible d'attirer les ours là où on dort. Rassasiés par notre risotto mangé debout, le capuchon jusque sur les yeux, on est encore allés planquer notre sac de nourriture en haut d'un arbre, toujours pour décourager les ours, puis on est enfin allés se mettre à l'abri.


Tout ça a l'air horrible? On pourrait le croire, mais non! C'est les contrastes qui sont bons dans un voyage à vélo. On a fini par arriver hier, après quatre jours de route, dans la station d'Asahidake au centre de l'île d'Hokkaido. On est dans un petit hôtel lumineux qui possède sa propre source d'eau chaude (onsen, comme on dit ici). A tout moment on peut enfiler son kimono blanc et aller sauter dans leur petit bassin en plein air, au milieu de grosses feuilles vertes. En plus les repas sont inclus et c'est délicieux.


Parfait pour sécher et reprendre des forces avant notre prochaine étape: une marche de 5 jours dans le parc du Daisetsuzan aux nombreux volcans.