Ca semblait être une bonne idée. On allait éviter l'enfer des camions en allant de Kyoto à Hiroshima non par Osaka et Kobe, mais par l'île de Shikoku. Au final c'était top, mais nos mollets n'en sont pas encore remis.
Tout a commencé par une montée couillue mais jolie dans les feuillages d'automne, avec un col à style 800m. (Quand on part du niveau de la mer et avec des vélos qui doivent peser dans les 40 kilos, ça fait pas mal). On avait vu juste. Presque plus de circulation du tout, sauf une ou deux bétonneuses, puisque le bétonnage de la nature est presque un sport national au Japon. On se retrouve dans des villages où des poupées à taille humaine peuplent des maisons désertes.
Tout le monde est parti?
Non non, nous fait comprendre un panneau.
Il est arrivé avec sa lampe de poche sans faire de bruit alors qu'on cuisait tranquillement nos pâtes au bord d'un feu, en nous préparant pour le col du lendemain à plus de 1400 mètres. La mort dans l'âme on se voyait déjà démonter la tente et partir à la recherche d'un nouveau terrain dans la nuit.
Son anglais n'était pas meilleur que notre japonais, la communication s'annonçait difficile. Il s'est alors mis à faire traduire des phrases à son Iphone. Ca a pris un moment et on craignait le pire. Il nous montre son écran: "Be careful not to catch cold". Soupir de soulagement. On n'était pas si mal barrés. Il a ensuite annoncé la mauvaise nouvelle: notre col était fermé à cause d'un glissement de terrain. Il fallait redescendre, contourner la vallée et remonter de l'autre côté. Rhaaaa ! Heureusement que les vues en valaient la peine.
Le lendemain c'est la récompense. Une journée avec presque uniquement de la descente et la visite de ce qu'on cherchait à atteindre depuis tout ce temps: deux ponts en lianes construits vers le 11ème siècle par des proches de l'Empereur tombés en disgrâce et venus se réfugier dans cette jungle. Vu les efforts qu'on avait faits pour y arriver, ça avait intérêt à valoir la peine. Miracle, c'était le cas.
Mais on n'était pas au bout de nos peines. On a passé encore trois jours à serpenter, monter et descendre sur les routes de Shikoku avant de se faire recracher par la montagne à travers un tunnel de 5 kilomètres. Trop beau de retrouver la mer, les mandariniers et les routes toutes plates.
On renoue avec les joies du camping au bord de la mer
On se fait de nouveaux amis
Et on quitte Shikoku suspendus entre ciel et mer
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