mardi 25 février 2014

Road trip à Palawan



Entre deux cocktails sur les plages de El Nido, on a décidé d'aller goûter du bitume dans les alentours, tout au nord de l'île de Palawan. La route goudronnée nous a lâchés après cinq petits kilomètres, mais on n'allait pas laisser quelques cailloux, trous et autres bosses nous gâcher le paysage. 


Attention à ne pas s'éloigner trop longtemps pour admirer la vue, le siège du scooter devient brûlant en moins d'une minute! 

On étudie les stratégies des locaux pour résister au soleil. 

 Couverture

Immersion 

Nous on mise sur nos casques. Dégaine de vainqueurs garantie, et ça protège non seulement des UV mais aussi en cas de chute. D'ailleurs on rentabilise au maximum: mon père s'affaisse dans le sable dans un virage mal maîtrisé, style Camel Trophy au ralenti, tandis qu'avec Lucas on se renverse sur le côté sur une pente beaucoup trop raide pour nos pneus lisses.


Poussiéreux, transpirants et fourbus de partout, on arrive tout juste à regagner notre bungalow pour le coucher du soleil. 


Epuisante notre vie d'aventuriers.


mardi 11 février 2014

La vie est belle sur le Jessabel

 

Ou quand on comprend toute la signification du mot «raffiot». Le Jessabel, un bateau traditionnel avec un balancier de chaque côté (désolée, j'ai pas la photo), mais surtout un ramassis de cageots et de vieilles planches rattachées à des flotteurs en bambous par des sortes d’élastiques. Un peu surprenant quand on part pour une traversée de huit heures. Enfin pas de panique, il y a un canot de sauvetage.

 
On choisit sa place en fonction du désagrément le moins pire. Aux extrémités si on ne supporte pas les odeurs de diesel, au milieu si on n'aime pas se prendre des volées d'eau de mer. En principe, au bout de quelques minutes on a déjà le mal de mer, direction alors le bastingage. Mais attention à ne pas tomber à l’eau, le plancher a tendance à se désolidariser du bateau…  

 
Enfin, ce n'est bien sûr pas l'équipage qui le dit. On apprend au fil de la traversée. Nous on a commencé tout à l'avant, mais au bout de vingt minutes je m'étais déjà pris une monstrueuse vague sur le côté gauche. "Vous avez pris votre douche matinale?", a plaisanté un petit rigolo belge. J'ai réussi à lui sourire sans lui donner un coup de pied et on a déménagé au centre. En moins de trois minutes Lucas était vert à cause des gaz. On a alors migré tout à l'arrière, mais je ne me sentais plus très bien. Une blonde vomissait par dessus bord, ça s'annonçait mal. Je me suis assise dehors (pas trop près d'elle) histoire de respirer l'air frais. Quelques minutes paisibles et hop, l'énorme vague sur le côté droit. Comme ça j'étais trempe à cœur. Huit heures de bateau les fesses mouillées, on s'en souviendra du trajet El Nido-Coron. La prochaine fois on fait comme les locaux et on prend l'avion. 
 

lundi 10 février 2014

Jobie le guide



Comme il n’y a aucun panneau pour indiquer les sentiers aux Philippines, il faut prendre un guide dès qu’on sort un peu des zones touristiques. Pour notre marche de quatre jours dans les rizières de Luzon au nord du pays, on a eu Jobie. Avec sa machette à la ceinture il est paré à toute éventualité. Se tailler un bâton de marche pour ne pas glisser, découper des allume-feu à même un arbre, ou sabrer dans les branches qui obstruent le chemin. A la base, il fait partie de l’ethnie des Ifugaos, qui vivent dans les montagnes, vêtus d'un pagnes colorés. Mais comme il vit avec son temps, il met des shorts et habite un petit village aux toits de tôle.

S’il avait pu choisir, Jobie serait devenu policier ou ingénieur. Mais comme il est le cinquième de neuf enfants, ses parents n’avaient pas l’argent pour lui payer des études. Il est devenu charpentier en apprenant sur le tas. De temps en temps il emmène les touristes à travers les montagnes, les rizières et la forêt tropicale.
Comme l’énorme majorité des Philippins, même dans des villages ultra-reculés, Jobie parle bien l’anglais. Il parle aussi son dialecte, ceux des villages voisins et celui des Basses-terres. Si on lui demande, il peut expliquer que les lances sur le bord des rizières servaient à chasser le pécari il n’y a pas si longtemps, ou les subtilités des danses traditionnelles. Mais si on lui laisse le choix il adore parler de la Bible et poser des questions sur les mœurs des Occidentaux, du style pourquoi est-ce qu’on fait des enfants si tard et comment subsiste une personne âgée qui n’a pas eu d’enfants.
 
Lui, il a 29 ans et a un petit garçon de quatre ans. Il dit qu'il a fait de son mieux pour bien choisir sa femme parce c’est très compliqué de divorcer aux Philippines. Pour l’instant il n’a fait que le mariage civil parce que ça coûte seulement deux cochons (à 150 francs la bête). Il est en train d’économiser pour les huit cochons du mariage religieux. En quatre jours avec nous il aura gagné de quoi s’acheter un cochon et demi. Du win-win, parce que sans lui on ne serait probablement jamais ressortis de la jungle...
 

on aurait cru que les locaux étaient des guerriers assoiffés de sang,


on n’aurait jamais pensé que le grenier en forme de pyramide faisait chambre d'hôte,


et on se serait perdus sur les mille et un chemins des rizières de Batad, classées à l'Unesco.