lundi 10 février 2014

Jobie le guide



Comme il n’y a aucun panneau pour indiquer les sentiers aux Philippines, il faut prendre un guide dès qu’on sort un peu des zones touristiques. Pour notre marche de quatre jours dans les rizières de Luzon au nord du pays, on a eu Jobie. Avec sa machette à la ceinture il est paré à toute éventualité. Se tailler un bâton de marche pour ne pas glisser, découper des allume-feu à même un arbre, ou sabrer dans les branches qui obstruent le chemin. A la base, il fait partie de l’ethnie des Ifugaos, qui vivent dans les montagnes, vêtus d'un pagnes colorés. Mais comme il vit avec son temps, il met des shorts et habite un petit village aux toits de tôle.

S’il avait pu choisir, Jobie serait devenu policier ou ingénieur. Mais comme il est le cinquième de neuf enfants, ses parents n’avaient pas l’argent pour lui payer des études. Il est devenu charpentier en apprenant sur le tas. De temps en temps il emmène les touristes à travers les montagnes, les rizières et la forêt tropicale.
Comme l’énorme majorité des Philippins, même dans des villages ultra-reculés, Jobie parle bien l’anglais. Il parle aussi son dialecte, ceux des villages voisins et celui des Basses-terres. Si on lui demande, il peut expliquer que les lances sur le bord des rizières servaient à chasser le pécari il n’y a pas si longtemps, ou les subtilités des danses traditionnelles. Mais si on lui laisse le choix il adore parler de la Bible et poser des questions sur les mœurs des Occidentaux, du style pourquoi est-ce qu’on fait des enfants si tard et comment subsiste une personne âgée qui n’a pas eu d’enfants.
 
Lui, il a 29 ans et a un petit garçon de quatre ans. Il dit qu'il a fait de son mieux pour bien choisir sa femme parce c’est très compliqué de divorcer aux Philippines. Pour l’instant il n’a fait que le mariage civil parce que ça coûte seulement deux cochons (à 150 francs la bête). Il est en train d’économiser pour les huit cochons du mariage religieux. En quatre jours avec nous il aura gagné de quoi s’acheter un cochon et demi. Du win-win, parce que sans lui on ne serait probablement jamais ressortis de la jungle...
 

on aurait cru que les locaux étaient des guerriers assoiffés de sang,


on n’aurait jamais pensé que le grenier en forme de pyramide faisait chambre d'hôte,


et on se serait perdus sur les mille et un chemins des rizières de Batad, classées à l'Unesco.

 
 

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