mardi 29 avril 2014

Jamais sans mon six-tonnes



Bon navrée, je recule chronologiquement, mais j'ai une entrée qui traîne dans les stocks, donc la voilà. Juste après notre expérience avec les prédateurs de Komodo, on a voulu sortir du circuit touristique et se la jouer plus locaux. Rien de tel pour ça que de prendre les transports publics. 

On commence par un bout en jeep (oui oui, ça compte comme transport public). Dès les premier virages, l’aide chauffeur se rue sur les cornets plastiques. Bien vu. La vieille dame juste derrière moi se met à vomir bruyamment. Charmant. Le conducteur se retourne pour estimer les dégâts et décide qu'il n'y a pas de quoi s'arrêter. On continue, la dame aussi. Une fois le cornet bien rempli, le chauffeur le balance par la fenêtre.

Le lendemain on passe la vitesse supérieure. Le village qu’on veut visiter n’est desservi que par des camions. On bouquine à la gare routière sans trop savoir s'il y en a pour une heure ou une journée d'attente. 

Arrive un poids lourds aux pneus entièrement lisses et conduit par une sorte de play-boy post-pubère. Notre camion, notre chauffeur. Ca fait hésiter. Le conducteur va faire une sieste, tandis que son équipe de mécanos (14 ans en moyenne) sortent le cric pour démonter une roue. 

On commence à se demander sérieusement s’il ne vaudrait pas mieux prendre un guide avec chauffeur dans une voiture vraiment en état de circuler. Trop tard, le camion est prêt, on embarque -comprendre escalader la roue et enjamber le bord de la remorque pour s'installer sur un planche en bois-. On se met en route tandis qu'en sens inverse, un minibus arrive à destination. La porte s’ouvre à peine qu'une petite fille sort en vomissant… Ca s’annonce bien.

C'est parti avec la musique à coin dans les contours. Visiblement les chauffeurs investissent en priorité dans de puissants hauts-parleurs, et s’il reste de l’argent, ben pourquoi pas des pneus d’occasion. 


Les passagers s’asseyent la bouche en cœur devant les enceintes. Est-ce qu'ils sont déjà sourds ou est-ce qu'ils veulent éviter de penser à la situation sécuritaire douteuse, on ne le saura pas. Nous on est tout à l'arrière avec nos boules quiès sur notre banquette aussi confortable qu'un banc d’église. On se demande si et comment on va supporter les 5 prochaines heures.


Mais en fait c'est assez convainquant. La route a tellement de trous que le chauffeur est obligé d’aller lentement. Les paysages sont beaux, il faut juste se pencher vers l’intérieur quand on passe près de branches prêtes à vous arracher un oeil. Au bout d’une heure on connaît la cassette par cœur et on commence même à apprécier. 

Malgré tout on est contents d’arriver à destination. Là où le camion ne passe plus, on monte à pied le long d'un sentier dans la forêt jusqu'au village de Wae Rebo. 

 

Chacun de ces espèces de tipis communautaires abrite jusqu'à six familles.C'est un peu sombre, mais bien conçu avec une cuisine sur des cailloux au milieu.


Comme maintenant il y a trop de villageois et qu'on ne peut pas construire plus de sept tipis, chiffre sacré, les surnuméraires habitent dans des maisons en tôle et bambou juste à côté. Le village vit maintenant du tourisme et des activités traditionnelles comme la culture du café ou le tissage de paille ou de tissu. 


A la redescente, j'attrape ma première sangsue. IMMONDE. Sur la photo ça n'a pas l'air si impressionnant que ça, mais en vrai, c'est presque aussi horrible qu'un balut (sauf qu'heureusement ça ne se mange pas). Mais bon, on pourrait prendre ce genre d'incident comme un indicateur de sortie des sentiers battus.


L'expédition est donc réussie. A trois heures du matin on reprend notre camion pour retourner à la ville. Cette fois on a les places à côté du chauffeur et c’est tout autre chose. La techno à coin c’est pour les passagers à l'arrière. Dans la cabine on arrive tout à fait à s’entendre parler. Par contre on ne voit pas très bien la route tellement le parebrise est décoré par des autocollants, des pendentifs et la classique chenille multicolore en peluche, (celle qui était populaire en Europe au début des années 90) et qu'on trouve sur tous les tableaux de bord de ce coin d'Indonésie.

On en profite encore pour visiter les curiosités de la région. Une grotte préhistorique 


Une cascade tropicale


Puis on rentre à la grande ville (Labuan Bajo) en camion-stop. Finalement c'est plus confortable et sécurisant que le scooter -pour autant qu'on hérite d'une place pas trop mauvaise, certes-. D'ailleurs certaines motos choisissent même de voyager en camion. Le poids-lourd, what else?


mercredi 23 avril 2014

Chics en batik



Ou comment se fondre dans la foule à Jogyakarta. 

Se rendre dans une des nombreuses maisons du batik et plonger dans la marchandise. Ne pas se laisser impressionner par les millions de pièces à disposition, ni par le fait qu’on ne comprend rien au système des tailles. Passer à l’essayage et ne faire plus qu’un avec le motif.


Le public est difficile. 
"Pas mal pour une chasse au lion…."


Et celui-là aux couleurs traditionnelles? 


"Pas de mon vivant!"


Mais puisque c'est ça qu'ils portent par ici...


"Ben c'est qu'on n'est quand même pas tout à fait des locaux..."


Quelque chose de plus nature, alors?


"Mouais..."

 
Dans la confection femme c'est tout aussi mal barré. Tout est minuscule.

Tiens, voilà une taille M.



Il a même l'air joli...

CRAC
 


"Oublie, ça va pas passer"


Malgré tout, on a quand même fini par trouver


On aura de quoi vous recevoir pour le nasi goreng à notre retour.... enfin si les habits survivent jusque là.

" J'suis coincée!"


lundi 7 avril 2014

Le lapin de Pâques tropical



La plongée c'est comme une chasse aux oeufs. Il faut bien ouvrir les yeux et regarder derrière tous les coraux et on trouve des surprises dignes de celles des dimanches de pâques de notre enfance. Petite galerie des créatures les plus hallucinantes qu'on a vues dans les eaux du parc national de Komodo. (Les photos viennent d'internet)

Le poisson-grenouille verruqueux


Tout petit, caché sur son récif, il est prêt à gober des proies aussi grosses que lui. C'est un teigneux solitaire. Il supporte la femelle juste pour l'accouplement. Si elle reste trop longtemps dans les parages, il est prêt à l'engloutir elle aussi.

Le crabe décorateur


Un grand timide. Il se colle des morceaux de coraux, d'algues ou d'éponges sur la carapace pour passer inaperçu et ne bouge que la nuit.

Le nudibranche pikachu


Tellement mimi. On n'en sait pas grand chose, à part que c'est une limace de mer et que sa vie à ramper au fond de l'eau n'a pas l'air passionnante.

La squille


Malgré leurs airs de bouffon des mers il faut s'en méfier. Elles ont des yeux ultra-perfectionnés et sont hyper puissantes: avec leur queue elles arrivent à casser le verre d'un aquarium. Ensuite bonne chance pour les ramasser. Des pêcheurs ont régulièrement des bouts de doigts amputés à cause de leurs pattes à piquants. Donc en plongée, on garde bien les mains dans ses poches et on se tient à carreau.

Lauriea Siagiani


Une sorte de mini-homard poilu. Il passe sa vie sur des grosses éponges appelées en forme de tonneau.

Le calamar récifal


Ok, tout le monde a déjà vu un calamar, mais nous on est tombé sur un couple en train de se faire la cour. Ils clignotaient comme des sapins de Noël pendant les nocturnes du jeudi soir. Mythique.

mardi 1 avril 2014

Les rapaces de Komodo


 
Je vous entends déjà: "c'est pas plutôt les varans à Komodo ? » La réponse c’est oui, mais vu que dans ce coin du monde, le touriste n’est pas une espèce rare, il faut enfiler son costume de bovidé placide et se laisser traire par toute sorte de prédateurs. On achète son package «tour en bateau à Komodo», et ensuite on paie en extra la sortie du port, l’entrée au parc, le guide, etc. Faut pas se poser trop de questions. 

Mais ensuite on peut se faire photographier avec les dragons.



Oui oui, c’est un vrai, pas un en plastique. Ceux qui avaient en tête les images de la BBC avec le dragon en train d'attaquer un buffle au trou d’eau risquent d'être déçus. Les varans semblaient plutôt chasser leurs proies dans la cuisine des rangers… 

Mais quand même, il faut reconnaître qu’elles ont de la gueule ces bêtes. Quand elles se mettent à avancer vers quelqu'un, on ne fait pas le malin.


Elles ont de sacrées dents aussi. Dans un coin reculé du parc se dresse une croix en souvenir d’un baron suisse (si, si) dont on n’a retrouvé que les lunettes et l’appareil photo. Du coup, pour éviter toute mauvaise surprise, un guide armé d’une fourche en bois accompagne les touristes pendant la visite.

A part ça, on dirait que c'est surtout le quartier des cuisines qui est dangereux. Dans la partie sauvage du parc on n'a plus vu un seul varan. Par contre il y avait d'autres habitants charismatiques.



Comme dirait Forrest Gump, les guides c'est comme une boîte de chocolat: on sait jamais sur quoi on va tomber. Sur ce coup là on a eu l'After-Eight. 

On a demandé à faire la longue marche à travers l'île, ce qui n’a pas soulevé l’enthousiasme chez les rangers. Pourtant vu le surcoût demandé, on aurait pensé qu’ils se battraient pour nous accompagner. Pour finir, c’est Isaac qui a été commis d’office. Il cachait bien sa joie. 

 

Il s’est lancé sur le sentier comme s’il avait un train à prendre. Pendant deux kilomètres, pas un mot sur la nature environnante. Tout d’un coup il s’arrête. On s’imagine qu’il va nous montrer un truc cool, du style un varan, un buffle, voire un dragon en train d’attaquer un buffle…. On retient notre souffle… «Là ! Un escargot !». 

On espérait quelque chose un poil plus exotique, mais comme c’était déjà réjouissant qu’il se mette en mode guide, on s’est enthousiasmés. Du coup il s’est un peu réveillé et nous a dégotté un cacatoès. 


On est sortis de la forêt pour monter à un col. J’ai rarement autant sué de ma vie. C’était comme faire de la marche dans hamam. Lucas ne parlait plus, sauf par des râles à vous fendre le cœur. Isaac courait d'un buisson à l’autre pour se mettre à l'ombre. L'ambiance était moyenne, mais les paysages en valaient la peine.

 
Pour l’interaction varan-buffle, il faudra revenir, par contre on a assisté à une attaque sans pitié dans une toile d’araignée. Une sauterelle a sauté droit dedans et cinq secondes plus tard l’araignée lui avait déjà coupé une patte. Cruelle nature. Ca a fait reprendre des couleurs à Lucas.


Il en fallait plus pour dérider Isaac, toujours déterminé à en finir au plus vite alors que la faune et la flore s’acharnaient contre lui. Avant d’arriver de l’autre côté de l’île où le bateau venait nous rechercher, il s’est mis à y avoir plein d’orchidées dans les arbres. Je frétillais derrière l’appareil photo. «Yes, an orchid», a bien dû reconnaître notre bougon. Il était à deux doigts d’utiliser sa fourche pour me faire avancer.


Quatre heures et autant de litres de transpiration plus tard, Isaac nous a finalement remis à notre petite équipe de rapaces perso (et finalement assez sympathiques) avant de s’en retourner à ses dragons.