mardi 1 avril 2014

Les rapaces de Komodo


 
Je vous entends déjà: "c'est pas plutôt les varans à Komodo ? » La réponse c’est oui, mais vu que dans ce coin du monde, le touriste n’est pas une espèce rare, il faut enfiler son costume de bovidé placide et se laisser traire par toute sorte de prédateurs. On achète son package «tour en bateau à Komodo», et ensuite on paie en extra la sortie du port, l’entrée au parc, le guide, etc. Faut pas se poser trop de questions. 

Mais ensuite on peut se faire photographier avec les dragons.



Oui oui, c’est un vrai, pas un en plastique. Ceux qui avaient en tête les images de la BBC avec le dragon en train d'attaquer un buffle au trou d’eau risquent d'être déçus. Les varans semblaient plutôt chasser leurs proies dans la cuisine des rangers… 

Mais quand même, il faut reconnaître qu’elles ont de la gueule ces bêtes. Quand elles se mettent à avancer vers quelqu'un, on ne fait pas le malin.


Elles ont de sacrées dents aussi. Dans un coin reculé du parc se dresse une croix en souvenir d’un baron suisse (si, si) dont on n’a retrouvé que les lunettes et l’appareil photo. Du coup, pour éviter toute mauvaise surprise, un guide armé d’une fourche en bois accompagne les touristes pendant la visite.

A part ça, on dirait que c'est surtout le quartier des cuisines qui est dangereux. Dans la partie sauvage du parc on n'a plus vu un seul varan. Par contre il y avait d'autres habitants charismatiques.



Comme dirait Forrest Gump, les guides c'est comme une boîte de chocolat: on sait jamais sur quoi on va tomber. Sur ce coup là on a eu l'After-Eight. 

On a demandé à faire la longue marche à travers l'île, ce qui n’a pas soulevé l’enthousiasme chez les rangers. Pourtant vu le surcoût demandé, on aurait pensé qu’ils se battraient pour nous accompagner. Pour finir, c’est Isaac qui a été commis d’office. Il cachait bien sa joie. 

 

Il s’est lancé sur le sentier comme s’il avait un train à prendre. Pendant deux kilomètres, pas un mot sur la nature environnante. Tout d’un coup il s’arrête. On s’imagine qu’il va nous montrer un truc cool, du style un varan, un buffle, voire un dragon en train d’attaquer un buffle…. On retient notre souffle… «Là ! Un escargot !». 

On espérait quelque chose un poil plus exotique, mais comme c’était déjà réjouissant qu’il se mette en mode guide, on s’est enthousiasmés. Du coup il s’est un peu réveillé et nous a dégotté un cacatoès. 


On est sortis de la forêt pour monter à un col. J’ai rarement autant sué de ma vie. C’était comme faire de la marche dans hamam. Lucas ne parlait plus, sauf par des râles à vous fendre le cœur. Isaac courait d'un buisson à l’autre pour se mettre à l'ombre. L'ambiance était moyenne, mais les paysages en valaient la peine.

 
Pour l’interaction varan-buffle, il faudra revenir, par contre on a assisté à une attaque sans pitié dans une toile d’araignée. Une sauterelle a sauté droit dedans et cinq secondes plus tard l’araignée lui avait déjà coupé une patte. Cruelle nature. Ca a fait reprendre des couleurs à Lucas.


Il en fallait plus pour dérider Isaac, toujours déterminé à en finir au plus vite alors que la faune et la flore s’acharnaient contre lui. Avant d’arriver de l’autre côté de l’île où le bateau venait nous rechercher, il s’est mis à y avoir plein d’orchidées dans les arbres. Je frétillais derrière l’appareil photo. «Yes, an orchid», a bien dû reconnaître notre bougon. Il était à deux doigts d’utiliser sa fourche pour me faire avancer.


Quatre heures et autant de litres de transpiration plus tard, Isaac nous a finalement remis à notre petite équipe de rapaces perso (et finalement assez sympathiques) avant de s’en retourner à ses dragons.  

 

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