dimanche 11 mai 2014

Le Laos sous l'objectif



La meilleure façon de découvrir la cuisine et les traditions locales? Se faire enrôler dans les rangs d'une ONG. C'est ce qu'on a fait avec l'UICN en tournant deux petits films sur des projets qu'ils ont dans le sud du Laos. Clairement un des grands moments du voyage. Lucas à la caméra, moi à la perche, et les deux aux interviews. C'était parti pour une épopée audiovisuelle de 10 jours.

On a commencé par un projet sur les traditions animistes locales qui permettent de protéger certaines forêts ou certains animaux, comme le crocodile du Siam ou la trop méconnue tortue à carapace molle.

 
Du coup on a eu droit à plusieurs cérémonies mémorables, comme le sacrifice d'un cochon en direct et l'espèce de Saint-Martin qui a suivi.


Dans le cochon tout est bon, les Laotiens et les Jurassiens auraient certainement des choses à se dire. Peut-être aussi des recettes à échanger, du style les brochettes de peau et le caillé de sang à la citronnelle et autres herbes de la forêt.


Moins gore, -parce que le buffle avait été sacrifié la veille-, la cérémonie de pré-plantage du riz.


La chamane rentre en contact avec l'au-delà en s'allumant un énorme cigare de piments séchés. L'esprit rentre ensuite dans son corps et dit aux villageois quel type de riz donnera les meilleures récoltes cette année.


Vu le rapport inversément proportionnel entre la taille du cigare et le calibre de la vieille dame, on pensait qu'elle serait hors service pour le reste de l'après-midi. Mais pas du tout, elle est revenue une heure après, toute fraîche pour l'interview, derrière de petites lunettes et un sac Vuitton.

Entretemps on était partis filmer l'esprit qui repartait dans la nature sous la forme d'une tortue. Le chef du village l'a remise en liberté en lui posant une petite fleur sur la carapace.... complètement insensible aux implorations de Lucas qui lui demandait d'attendre, histoire de positionner la caméra.


Le chef est reparti tout de suite. On s'est retrouvés les deux seuls avec l'esprit qui marchait à petits pas décidés vers le marais.


Ne le dites pas aux villageois, mais on est intervenus.

"- Faudrait que tu la ramasses et la mettes un peu plus haut pour que je puisse avoir une bonne image.
- Ok mais fais vite, elle se débat à fond!
- O...K, .......vaaaaas-y..... NON! aïe, attends, aïe, je suis dans un nid de fourmis rouges, aoutch! elles sont en train de me piquer!
- Bon ben dépêche, la tortue est vraiment pas contente, elle me griffe!   
- C'est bon, pose-la par terre......

 
- Non mais c'est pas possible! Elle était sensée venir tout droit! Qu'est-ce qu'elle est allée se cacher dans ces buissons?? Reprends-là on recommence!
- Je la mets ic.....? Ouh là! Lâche tout et fais comme si de rien n'était. Vite! Il y a un villageois qui nous observe. On est cuits...."

Un peu gênés on est remontés pour le dîner en commun.

Les pauses repas n'étaient d'ailleurs pas de tout repos non plus. On a eu droit à des trucs bien bien bien traditionnels comme des cafards grillés,


 des larves de fourmis géantes,


des punaises,


...ou encore des pousses de bambou au suc d'estomac de boeuf. Bref, tout des moments où on apprécie bien le riz collant qui vient avec.

A la fin du repas, les villageois ont lancé une fusée pour faire venir la pluie. Un classique.

Perché sur son escabeau, l'artificier allume la mèche et tient la fusée à deux mains jusqu'à ce qu'il l'estime mûre à décoller. Ce qui dure au moins vingt secondes pendant lesquelles la fumée se répand partout avec un bruit d'avion de chasse.


J'ai bien cru qu'on allait tous finir au service des grands brûlés, mais non. L'artificier s'en est même tiré les deux mains intactes.

Pour le deuxième projet, on est passés à des bêtes d'un plus gros calibre. C'était sur la tradition des cornacs.


 On a assisté au bain,


puis au défilé avant la cérémonie de bénédiction de l'homme et de l'animal. (Non, les cornacs ne sont pas déguisés en Père Noël.)


Qu'est-ce qu'ils sont choux ces éléphants! Quand ils n'ont rien à faire, ils se mâchonnent la trompe ou alors ils s'en servent pour explorer autour d'eux....


et ça traîne parfois dans de drôles d'endroits.


On est bien sûr tombés sous le charme. On continuerait volontiers le voyage avec eux.


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