vendredi 18 juillet 2014

Une île de dengues



Koh Tao. Les vacances de fin de voyage pour bronzer un peu avant de revenir en Suisse. Une plage presque déserte, un bungalow sous les cocotiers avec vue sur la mer. Rien à visiter, juste une crique pleine de poissons tropicaux, un hamac et des curry thaïs.

On a profité à fond toute la semaine. C’est le dernier jour que Lucas a montré les premiers signes de la dengue.

La dingue?


Non, non, il est resté complètement sain d'esprit. Là, on se préparait juste à aller dîner à la nage au resto d'à côté.

Je parle de la dengue, celle des moustiques qu’on avait soigneusement évités jusque-là. Des migraines horribles et une fièvre qui nous a envoyés à l’hôpital de Bangkok tous les deux pendant cinq jours. Ca calme.

 

On n’aurait pas pensé finir comme ça notre année en Asie….mais faut se laisser surprendre.  Du coup on a eu droit à dix jours supplémentaires en Thaïlande.

Maintenant on est remis et fin prêts pour le retour. Cette fois on va pas laisser partir l’avion sans nous. On part tout à l'heure et on arrive dimanche 20 à Genève. Qu'est-ce qu'on se réjouit de vous revoir!


Fin de partie sous la pluie


 

Fin juin en Birmanie il pleut. Ca donne une dimension supérieure aux visites, pour autant qu’on ait quelques T-shirts de rechange. De toute façon, dans le sud du pays, le gros truc à faire c’est de visiter des grottes. Parfait.

Après les typhons japonais, c'est pas quelques gouttes qui vont nous impressionner. Nous voilà donc en route, pèlerines jusqu’aux oreilles sur un scooter qui a vu de meilleurs jours. Ca patine, ça saute, ça gicle, mais plus qu'une centaine de mètres jusqu’à la grotte, ça va le faire.

Non….là je crois que c’est pas une bonne id…


Trop tard. On a surestimé les capacités du scooter et sous-estimé la profondeur de la flaque. Flotch, flotch, désespérément flotch, l’embrayage ne veut plus rien entendre.

Reste à finir à pied, en essayant de ne pas perdre une shlap dans la boue argileuse du sol.

 
Pour la grotte c’est à droite après l’éléphant….attention à bien éviter le serpent noir de trois mètres sur la septième marche.

Elle a intérêt à en valoir la peine, la caverne!


Ok, ça a de la gueule. Il y a même deux moines qui campent sur des chaises longues dans un recoin sombre.

Ils nous confient à un sbire qui nous emmène à l’autre bout de la grotte. Une demi-heure à monter et descendre dans de la boue ultra-glissante avec une lampe-de-poche mourante pendant que des milliers de chauves-souris nous fientent dessus depuis le plafond. On voit à peine les bestioles, mais ça couine sec et l'odeur prend à la gorge.

Ca fait drôlement plaisir de retrouver le jour de l'autre côté. Tiens, qui aurait pensé que les crottes de chauve-souris c’était vert fluo ?


Zuippp.....pplotchhh! Cette fois c’est pas l’embrayage, mais moi qui me vautre dans une flaque. Bon, un peu plus un peu moins, c'est pas comme si à la base on était secs….

Par contre c'est mal barré pour la carte de la région qui n’a pas aimé le plongeon. Et le scooter ne veut toujours pas démarrer.


Heureusement, ces voyages en terres bouddhistes ça rend zen.


Et maintenant on a compris le truc. Il suffit d’attendre quelques heures pour que le soleil ressorte, le scooter reparte et avec un peu d'ingéniosité tout sèche, comme par miracle.
  

vendredi 4 juillet 2014

Spa pour pythons



Sacrés amis des bêtes, les Birmans. Quand ils voient un serpent de bonne taille ils ne pensent pas sac à main, mais sac-ré. Ce ne sont pas les trois pythons géants du temple de Paleik qui s'en plaindront.

Leur journée commence à 11 heures par le rituel du bain.

 
Pendant qu'ils gogent sans grand enthousiasme, les fidèles les arrosent de fleurs et de billets.


Le soignant sort ensuite un premier reptile pour le laisser égoutter sur le bord du bassin avant de le sécher dans un linge, de la tête à la queue.

 

A ce stade, le python brille comme un sou neuf.


Mais ce n’est pas fini. Des écailles en bonne santé ça s’entretient. Au menu: un régime hyperprotéiné fait de trois œufs battus, versés au fond du gosier par des visiteurs triés sur le volet.


C’est parti pour la promenade digestive, et une belle démonstration de reptation.

 

Les fidèles se bousculent et font des dons pour pouvoir aller le plus près possible du reptile et de son aura bénéfique (enfin on n'a pas toutes les explications, mais j'imagine que c'est ça, sinon je ne vois pas pourquoi quelqu'un irait poser son bébé aussi près d'un serpent huit fois plus gros que lui...) 


Malgré un mécanisme bien rodé, ça ne va pas très vite. Et le soignant, qui doit répéter le même processus avec chaque python, ne compte pas y passer la journée. Du coup il tapote le serpent à mi-longueur pour lui donner du courage. Parfois il profite des catelles glissantes pour le pousser discrètement.


Après sept mètres de plat, c’est le rek final jusqu’à la statue où il habite. Le serpent se débrouille bien, mais le soignant finit par lui faire la courte échelle pour accélérer la montée. Une heure plus tard, la fratrie est au complet sur le Bouddha : un à gauche, un à droite, et un au milieu.


Midi. La sieste commence jusqu’au lendemain 11 heures.
Ca donnerait presque envie de se réincarner en python.


mercredi 2 juillet 2014

Les collines du bout du monde



On entend souvent dire qu’il faut aller en Birmanie maintenant, parce que bientôt ça va changer. Je ne sais pas à quel point c’est vrai, mais c’est clair qu’il y a certaines parties du pays qui vivent dans un autre âge. Notamment ceux qu’on appelle les «tribus des collines», tout à l’est. Tant qu’on est dans la plaine, les gens s’habillent plus ou moins à l’occidentale, sauf pour quelques-uns qui travaillent dans les rizières en costume traditionnel.


Mais une heure de tuk-tuk et deux heures de marche plus haut, on recule de quelques siècles. Pas de plastique, tout est en bois ou en paille, sauf parfois un scooter dans un enclos sous la maison. Les locaux regardent les étrangers avec de grands yeux et vice-versa.


Ici, personne ne sait l'âge qu'il a. Ce qui compte, c’est de quelle génération on est. La nouvelle est en bonne voie.

 

Il n’y a pas d’école, donc les enfants s'occupent autrement.


Les petits sont sensés apprendre la vie en imitant les plus grands. Comme les parents travaillent dans les champs loin du village, ils passent la journée avec leurs grands-parents.


A quelques vallées de là, on tombe sur un village un poil moderne, avec quelques toits en tôle ondulée.


C’est le village des Eng, la tribu aux dents noires. Selon la légende ils ne voulaient pas avoir des dents blanches comme les chiens, alors ils ont décidé d’avoir les dents noires, et se sont mis à mâcher un mélange de noix de bétel et d’indigo. Le résultat est concluant.


Par contre les enfants ont encore les dents blanches.


Là aussi, les petits passent la journée scotchés à leurs grands-parents.



Quarante minutes de marche plus bas, on change complètement de langue et costumes. On est en terrain akha. Les hommes n’ont pas d’habits distinctifs, par contre les femmes portent de grosses boules argentées sur la tête. Il y a même de faux cheveux noirs à l’avant, comme ça pas besoin de teinture, même pour les plus âgées.


La plaque en fer derrière la tête indique une femme mariée. Quand elle est recouverte d’un tissu noir, ça ne veut pas dire qu’il s'agit d'une veuve, c’est juste pour éviter que le fer chauffe trop au soleil !


Bref, pas très pratique tout ça. Du coup, si certaines vieilles dames continuent à faire paître les buffles tout en costume, les jeunes commencent à préférer le chapeau de paille.

Donc oui, peut-être qu’il ne faut pas traîner.